vendredi 1 mai 2020

PESTICIDES : lettres à la Chambre d'Agriculture et à la Communauté de Communes Coeur de Savoie


L'association privilégie toujours le dialogue avec les institutions, et les contacts fructueux que nous avons établis au cours du temps ont souvent permis des avancées notables sur les sujets que nous défendons. 
En ce qui concerne les pesticides, nous observons malheureusement peu d'évolutions dans les 18 derniers mois, ce qui nous conduit à publier les lettres adressées en décembre 2018 à M. Patrick Jacquin, Président de la Chambre d'Agriculture de Savoie, et à Madame Béatrice Santais, Présidente de la Communauté de Communes Coeur de Savoie.

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Monsieur le Président,


L’association Santé Environnement Combe de Savoie, qui a pour objet la protection de l’environnement et la santé de la population, souhaite vous soumettre un sujet qu’elle juge très préoccupant concernant l’agriculture.

En effet, de nombreux habitants de la Combe de Savoie, particuliers, écoles, agriculteurs pratiquant l’agriculture biologique, etc, sont souvent entourés de vignes et de cultures conventionnelles avec utilisation de pesticides.

Nombre d’entre eux ont demandé à l’association SECS de s’intéresser à la problématique de l’utilisation des produits phytosanitaires de synthèse. Ils souhaitent connaître les conséquences sur leur santé de ces produits, connaître les bonnes pratiques agricoles qui encadrent l’utilisation de ceux-ci, ainsi que les solutions et alternatives qui pourraient être mises en place pour prévenir tout impact sanitaire.

Pour la plupart des habitants, l’agriculture dans son ensemble fait partie intégrante de leur patrimoine, leur culture et leur cadre de vie. Celle-ci a donc un rôle essentiel et incontournable. Il serait regrettable qu’une incompréhension et un divorce entre la population et le monde agricole se développe.

Vous avez affirmé, au Salon de l’Agriculture 2018, rapporté dans le Dauphiné Libéré, que votre « souhait est d’éliminer les produits toxiques des exploitations agricoles de Savoie ». Nous nous associons à ce souhait.

Aucune attente n’est plus possible pour y parvenir, au vu de l’augmentation de la consommation de pesticides ces dernières années (+12,4 % en 8 ans, au lieu de l’objectif de -50 % annoncé dans le plan écophyto 2018).

L’agriculture a été captive de l’agrochimie pendant des décennies, mais depuis déjà de nombreuses années l’agriculture biologique se développe, accompagnée de ses avantages.

Les exploitations en AB ont prouvé depuis longtemps leur dynamisme, leur viabilité et leur efficacité économique, et contribuent indéniablement à la protection de l’environnement et de la santé publique.

Nous pouvons citer l’exemple d’exploitations viticoles, en conventionnel jusqu’à aujourd’hui, qui ont réussi leur reconversion en « BIO » en un an.

Pour toutes ces raisons, nous demandons que les techniques et les produits de l’agriculture biologique soient utilisés immédiatement, de façon obligatoire, à proximité des écoles, des lieux de vie, des habitations, des terrains labellisés en BIO et des cours d’eau.

Notons qu’une nouvelle machine « interceps » pour le désherbage de la vigne a été présentée à Cruet cette année, ainsi que l’existence d’outils de désherbage pour les grandes cultures, déjà utilisés en AB depuis des décennies.

Nous pouvons aussi observer qu’aucune céréale BIO n’est produite en Savoie, malgré une très forte demande.

L’association SECS a bien suivi et analysé le lancement du label HVE (Haute Valeur Environnementale). Celui-ci sensibilise, un petit peu, une petite partie des agriculteurs, mais ne semble pas s’attaquer aux problèmes actuels les plus importants. En effet, les points suivants ont-ils été considérés ?

1 - L’arrêt des produits de synthèse, pesticides et herbicides;

2 - La mise en danger de la santé au travail des ouvriers agricoles et des agriculteurs ;

3 - La mise en danger de la santé de la population par la pollution diffuse due à la dérive des produits ;

4 - Le strict suivi de la réglementation, avec respect des zones non traitées, des délais de rentrée, des dérives même faibles de produits, du respect des cours d’eau (rappelons la mortalité totale des poissons, à plusieurs reprises, dans les ruisseaux de St André les Marches, Chapareillan, St Pierre d’Albigny, avec intervention de la gendarmerie) ;

5 - La pollution accidentelle des cultures BIO nécessitant l’intervention des assurances responsabilité civile.

Ce label HVE, malgré quelques modestes ambitions « agro-écologiques », est-il vraiment à la hauteur de la considération dont devrait jouir la profession agricole, qui souffre actuellement d’une image catastrophique, attestée par des études récentes sur le cancer ?

L’association souhaiterait, Monsieur le Président, que la profession agricole abandonne ce manque d’ambition attaché à un système ancien, dépassé, générateur de nuisances pour le plus grand nombre et de ce fait désavoué.

Il serait préférable que la profession aille, d’une façon volontaire et enthousiaste, dans le sens d’une réelle amélioration de ce problème de santé publique, qui sera à terme obligatoirement traité. Cette prise en compte environnementale pourrait être largement mise en avant par les agriculteurs de Savoie.


L’association SECS propose donc que les cahiers des charges des labels faisant référence à l’origine Savoie intègre les exigences de celui de l’agriculture biologique dans un délai le plus court possible. Cela mettrait notre département dans une position avant-gardiste, avec une réelle image de qualité qui pourrait être revendiquée avec fierté par les amoureux de notre terroir.

Une période de transition, d’adaptation, de suivi et d’entraide est certes nécessaire. Elle est à la portée du monde viticole et agricole qui a maintenant le plus souvent suivi des formations adéquates.

L’association Santé Environnement Combe de Savoie aimerait contribuer à la nécessaire réflexion sur l’évolution des pratiques agricoles. Aussi sollicite-t-elle une rencontre afin d’aborder ce sujet avec vous.

Dans l’attente d’une réponse favorable, nous vous prions, Monsieur le Président, d’agréer l’expression de nos sentiments respectueux.

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Madame la Présidente,


L’association Santé Environnement Combe de Savoie, qui a pour objet la protection de l’environnement et la santé de la population, souhaite vous soumettre un sujet qu’elle juge très préoccupant concernant l’agriculture.

En effet, de nombreux habitants de la Combe de Savoie, particuliers, écoles, agriculteurs pratiquant l’agriculture biologique, etc, sont souvent entourés de vignes et de cultures conventionnelles avec utilisation de pesticides.

Nombre d’entre eux ont demandé à l’association SECS de s’intéresser à la problématique de l’utilisation des produits phytosanitaires de synthèse. Ils souhaitent connaître les conséquences sur leur santé de ces produits, connaître les bonnes pratiques agricoles qui encadrent l’utilisation de ceux-ci, ainsi que les solutions et alternatives qui pourraient être mises en place pour prévenir tout impact sanitaire.

Pour la plupart des habitants, l’agriculture dans son ensemble fait partie intégrante de leur patrimoine, leur culture et leur cadre de vie. Celle-ci a donc un rôle essentiel et incontournable. Il serait regrettable qu’une incompréhension et un divorce entre la population et le monde agricole se développe.

Vous avez organisé à Montmélian une rencontre nationale concernant le projet TEPOS et l’ensemble de ses dérivés. En ce qui concerne l’agriculture, deux thèmes qui nous tiennent à cœur ont été abordés :
- Visite 8 : vignerons et pépiniéristes partenaires du TEPOS ;
- Réduire les usages de produits phytosanitaires en viticulture.

La réduction de la consommation de produits a bien été l’objectif du programme Ecophyto il y a déjà de nombreuses années. Aucune attente, aucun projet douteux ne sont plus admissibles au vu de l’augmentation de la consommation de pesticides ces dernières années (+12,4 % en 8 ans, au lieu de l’objectif de -50 % annoncé dans ce programme), et des conséquences sanitaires confirmées par de nombreuses études.

Actuellement, la Chambre d’Agriculture lance un label appelé « Haute Valeur Environnementale » encadrant effectivement des mesures agro-environnementales, qui utilise à chaque instant le terme « agro-écologie », et sous couvert de quelques saupoudrages, ne s’attaque pas au problème de fond concernant les pesticides.

Ce label « HVE » comporte toujours dans son principe l’utilisation de pesticides et herbicides, avec certes une réduction, mais jamais une interdiction. Avec l’apparence d’un engagement agro-environnemental, d’agro-écologie au rabais, les subventions sont allouées au HVE et non à l’aide à la conversion vers l’agriculture biologique.

On peut se demander pourquoi, lors de cette rencontre concernant le projet TEPOS à Montmélian, aucun intervenant, qu’il soit technicien ou agriculteur BIO, n’a été invité à parler du développement de l’Agriculture Biologique en Combe de Savoie. Alors que les techniques de l’AB, utilisées depuis des années, ont entraîné sur de nombreuses exploitations la disparition totale des produits chimiques de synthèse, comment de telles avancées ont-elles pu être ainsi éludées ?

Jusqu’à maintenant, l’agriculture conventionnelle n’a jamais tenu ses engagements mais aimerait profiter, voire subtiliser, l’image bien dans le vent de l’AB. Serait-elle en train d’y parvenir, lorsque l’on voit la Communauté de Communes Cœur de Savoie préférer s’associer sans prudence à une supercherie de l’agriculture conventionnelle, plutôt que de s’engager au côté de l’Agriculture Biologique ?

Il est mentionné dans la présentation que vous avez faite du projet TEPOS que 19 viticulteurs sont engagés pour 5 ans dans ces « Mesures Agro-Environnementales », mais de quels engagements parle-t-on ?

Les exploitations en AB ont prouvé depuis longtemps leur dynamisme, leur viabilité, leur efficacité économique, et contribuent indéniablement à la protection de l’environnement et de la santé publique.

Nous pouvons citer l’exemple d’exploitations viticoles, en conventionnel jusqu’à aujourd’hui, qui ont réussi leur reconversion en « BIO » en un an.

Nous demandons que l’attribution des aides prévues sous forme de MAE soit conditionnée à la pratique des techniques de l’Agriculture Biologique. Nous demandons également que les techniques, les produits phytosanitaires de l’agriculture biologique soient utilisés de façon obligatoire à proximité des écoles, des lieux de vie et des habitations.

Par l’adoption de ces mesures, la Communauté de Communes Coeur de Savoie pourrait donc se prévaloir de la protection de la santé publique, et non pas l’inverse.

Nous sommes convaincus que la Communauté de Communes Coeur de Savoie aura à coeur de préserver la cohérence de son engagement en faveur des énergies renouvelables et de la préservation de l’environnement dans son ensemble.

L’association Santé Environnement Combe de Savoie aimerait contribuer à la nécessaire réflexion sur l’évolution des pratiques agricoles. Aussi sollicite-t-elle une rencontre afin d’aborder ce sujet avec vous.