L'association privilégie toujours le dialogue avec les institutions, et les contacts fructueux que nous avons établis au cours du temps ont souvent permis des avancées notables sur les sujets que nous défendons.
En ce qui concerne les pesticides, nous observons malheureusement peu d'évolutions dans les 18 derniers mois, ce qui nous conduit à publier les lettres adressées en décembre 2018 à M. Patrick Jacquin, Président de la Chambre d'Agriculture de Savoie, et à Madame Béatrice Santais, Présidente de la Communauté de Communes Coeur de Savoie.
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Monsieur le Président,
L’association Santé Environnement
Combe de Savoie, qui a pour objet la protection de l’environnement et la santé
de la population, souhaite vous soumettre un sujet qu’elle juge très
préoccupant concernant l’agriculture.
En effet, de nombreux habitants de
la Combe de Savoie, particuliers, écoles, agriculteurs pratiquant l’agriculture
biologique, etc, sont souvent entourés de vignes et de cultures
conventionnelles avec utilisation de pesticides.
Nombre d’entre eux ont demandé à
l’association SECS de s’intéresser à la problématique de l’utilisation des
produits phytosanitaires de synthèse. Ils souhaitent connaître les conséquences
sur leur santé de ces produits, connaître les bonnes pratiques agricoles qui
encadrent l’utilisation de ceux-ci, ainsi que les solutions et alternatives qui
pourraient être mises en place pour prévenir tout impact sanitaire.
Pour la plupart des habitants,
l’agriculture dans son ensemble fait partie intégrante de leur patrimoine, leur
culture et leur cadre de vie. Celle-ci a donc un rôle essentiel et
incontournable. Il serait regrettable qu’une incompréhension et un divorce
entre la population et le monde agricole se développe.
Vous avez affirmé, au Salon de
l’Agriculture 2018, rapporté dans le Dauphiné Libéré, que votre « souhait
est d’éliminer les produits toxiques des exploitations agricoles de
Savoie ». Nous nous associons à ce souhait.
Aucune attente n’est plus possible
pour y parvenir, au vu de l’augmentation de la consommation de pesticides ces
dernières années (+12,4 % en 8 ans, au lieu de l’objectif de -50 % annoncé dans
le plan écophyto 2018).
L’agriculture a été captive de
l’agrochimie pendant des décennies, mais depuis déjà de nombreuses années
l’agriculture biologique se développe, accompagnée de ses avantages.
Les exploitations en AB ont prouvé
depuis longtemps leur dynamisme, leur viabilité et leur efficacité économique,
et contribuent indéniablement à la protection de l’environnement et de la santé
publique.
Nous pouvons citer l’exemple
d’exploitations viticoles, en conventionnel jusqu’à aujourd’hui, qui ont réussi
leur reconversion en « BIO » en un an.
Pour toutes ces raisons, nous demandons que les techniques et les
produits de l’agriculture biologique soient utilisés immédiatement, de façon
obligatoire, à proximité des écoles, des lieux de vie, des habitations, des
terrains labellisés en BIO et des cours d’eau.
Notons qu’une nouvelle machine
« interceps » pour le désherbage de la vigne a été présentée à Cruet
cette année, ainsi que l’existence d’outils de désherbage pour les grandes
cultures, déjà utilisés en AB depuis des décennies.
Nous pouvons aussi observer
qu’aucune céréale BIO n’est produite en Savoie, malgré une très forte demande.
L’association SECS a bien suivi et
analysé le lancement du label HVE (Haute Valeur Environnementale). Celui-ci
sensibilise, un petit peu, une petite partie des agriculteurs, mais ne semble
pas s’attaquer aux problèmes actuels les plus importants. En effet, les points
suivants ont-ils été considérés ?
1 - L’arrêt des produits de
synthèse, pesticides et herbicides;
2 - La mise en danger de la santé
au travail des ouvriers agricoles et des agriculteurs ;
3 - La mise en danger de la santé
de la population par la pollution diffuse due à la dérive des produits ;
4 - Le strict suivi de la
réglementation, avec respect des zones non traitées, des délais de rentrée, des
dérives même faibles de produits, du respect des cours d’eau (rappelons la
mortalité totale des poissons, à plusieurs reprises, dans les ruisseaux de St
André les Marches, Chapareillan, St Pierre d’Albigny, avec intervention de la
gendarmerie) ;
5 - La pollution accidentelle des
cultures BIO nécessitant l’intervention des assurances responsabilité civile.
Ce label HVE, malgré quelques
modestes ambitions « agro-écologiques », est-il vraiment à la hauteur
de la considération dont devrait jouir la profession agricole, qui souffre
actuellement d’une image catastrophique, attestée par des études récentes sur
le cancer ?
L’association souhaiterait,
Monsieur le Président, que la profession agricole abandonne ce manque
d’ambition attaché à un système ancien, dépassé, générateur de nuisances pour
le plus grand nombre et de ce fait désavoué.
Il serait préférable que la
profession aille, d’une façon volontaire et enthousiaste, dans le sens d’une
réelle amélioration de ce problème de santé publique, qui sera à terme
obligatoirement traité. Cette prise en compte environnementale pourrait être
largement mise en avant par les agriculteurs de Savoie.
L’association SECS propose donc que les cahiers des charges des labels
faisant référence à l’origine Savoie intègre les exigences de celui de
l’agriculture biologique dans un délai le plus court possible. Cela mettrait
notre département dans une position avant-gardiste, avec une réelle image de
qualité qui pourrait être revendiquée avec fierté par les amoureux de notre
terroir.
Une période de transition,
d’adaptation, de suivi et d’entraide est certes nécessaire. Elle est à la
portée du monde viticole et agricole qui a maintenant le plus souvent suivi des
formations adéquates.
L’association Santé
Environnement Combe de Savoie aimerait contribuer à la nécessaire réflexion sur
l’évolution des pratiques agricoles. Aussi sollicite-t-elle une rencontre afin
d’aborder ce sujet avec vous.
Dans l’attente d’une réponse
favorable, nous vous prions, Monsieur le Président, d’agréer l’expression de
nos sentiments respectueux.
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Madame la Présidente,
L’association Santé Environnement
Combe de Savoie, qui a pour objet la protection de l’environnement et la santé
de la population, souhaite vous soumettre un sujet qu’elle juge très
préoccupant concernant l’agriculture.
En effet, de nombreux habitants de
la Combe de Savoie, particuliers, écoles, agriculteurs pratiquant l’agriculture
biologique, etc, sont souvent entourés de vignes et de cultures
conventionnelles avec utilisation de pesticides.
Nombre d’entre eux ont demandé à
l’association SECS de s’intéresser à la problématique de l’utilisation des
produits phytosanitaires de synthèse. Ils souhaitent connaître les conséquences
sur leur santé de ces produits, connaître les bonnes pratiques agricoles qui
encadrent l’utilisation de ceux-ci, ainsi que les solutions et alternatives qui
pourraient être mises en place pour prévenir tout impact sanitaire.
Pour la plupart des habitants,
l’agriculture dans son ensemble fait partie intégrante de leur patrimoine, leur
culture et leur cadre de vie. Celle-ci a donc un rôle essentiel et
incontournable. Il serait regrettable qu’une incompréhension et un divorce
entre la population et le monde agricole se développe.
Vous avez organisé à Montmélian
une rencontre nationale concernant le projet TEPOS et l’ensemble de ses
dérivés. En ce qui concerne l’agriculture, deux thèmes qui nous tiennent à cœur
ont été abordés :
- Visite 8 : vignerons et
pépiniéristes partenaires du TEPOS ;
- Réduire les usages de produits
phytosanitaires en viticulture.
La réduction de la consommation de
produits a bien été l’objectif du programme Ecophyto il y a déjà de nombreuses
années. Aucune attente, aucun projet douteux ne sont plus admissibles au vu de
l’augmentation de la consommation de pesticides ces dernières années (+12,4
% en 8 ans, au lieu de l’objectif de -50 % annoncé dans ce programme), et des
conséquences sanitaires confirmées par de nombreuses études.
Actuellement, la Chambre
d’Agriculture lance un label appelé « Haute Valeur Environnementale »
encadrant effectivement des mesures agro-environnementales, qui utilise à
chaque instant le terme « agro-écologie », et sous couvert de
quelques saupoudrages, ne s’attaque pas au problème de fond concernant les pesticides.
Ce label « HVE »
comporte toujours dans son principe l’utilisation de pesticides et herbicides,
avec certes une réduction, mais jamais une interdiction. Avec l’apparence d’un
engagement agro-environnemental, d’agro-écologie au
rabais, les subventions sont allouées au HVE et non à l’aide à la conversion
vers l’agriculture biologique.
On peut se demander pourquoi, lors
de cette rencontre concernant le projet TEPOS à Montmélian, aucun intervenant,
qu’il soit technicien ou agriculteur BIO, n’a été invité à parler du
développement de l’Agriculture Biologique en Combe de Savoie. Alors que les
techniques de l’AB, utilisées depuis des années, ont entraîné sur de nombreuses
exploitations la disparition totale des produits chimiques de synthèse, comment
de telles avancées ont-elles pu être ainsi éludées ?
Jusqu’à maintenant, l’agriculture
conventionnelle n’a jamais tenu ses engagements mais aimerait profiter, voire
subtiliser, l’image bien dans le vent de l’AB. Serait-elle en train d’y
parvenir, lorsque l’on voit la Communauté de Communes Cœur de Savoie préférer
s’associer sans prudence à une supercherie de
l’agriculture conventionnelle, plutôt que de s’engager au côté de l’Agriculture
Biologique ?
Il est mentionné dans la
présentation que vous avez faite du projet TEPOS que 19 viticulteurs sont
engagés pour 5 ans dans ces « Mesures Agro-Environnementales », mais
de quels engagements parle-t-on ?
Les exploitations en AB ont prouvé
depuis longtemps leur dynamisme, leur viabilité, leur efficacité économique, et
contribuent indéniablement à la protection de l’environnement et de la santé
publique.
Nous pouvons citer l’exemple
d’exploitations viticoles, en conventionnel jusqu’à aujourd’hui, qui ont réussi
leur reconversion en « BIO » en un an.
Nous demandons que
l’attribution des aides prévues sous forme de MAE soit conditionnée à la
pratique des techniques de l’Agriculture Biologique. Nous demandons également
que les techniques, les produits phytosanitaires de l’agriculture biologique
soient utilisés de façon obligatoire à proximité des écoles, des lieux de vie
et des habitations.
Par l’adoption de ces mesures, la
Communauté de Communes Coeur de Savoie pourrait donc se prévaloir de la
protection de la santé publique, et non pas l’inverse.
Nous sommes convaincus que la
Communauté de Communes Coeur de Savoie aura à coeur de préserver la cohérence
de son engagement en faveur des énergies renouvelables et de la préservation de
l’environnement dans son ensemble.
L’association Santé
Environnement Combe de Savoie aimerait contribuer à la nécessaire réflexion sur
l’évolution des pratiques agricoles. Aussi sollicite-t-elle une rencontre afin
d’aborder ce sujet avec vous.